Suite à la lecture du Lion de Jospeh Kessel et en amont de la visite du parc national de Mikumi, les élèves de Cinquième ont rencontré deux maasaï ainsi que M. Pierre-Jacques Lué, spécialiste de la faune sauvage.
Le 18 novembre dernier, les élèves de Cinquième ont rencontré deux maasaï pour découvrir leur culture ainsi que M. Pierre-Jacques Lué pour parler des animaux sauvages. Cette rencontre faisait suite à la lecture du Lion de Joseph Kessel et constitue un préambule à la visite du parc national de Mikumi en janvier.
Ce beau moment de partage a donné lieu à des échanges passionnants sur les coutumes maasaï, ainsi que la conservation et la chasse des animaux sauvages en Tanzanie. Les cinquièmes avaient préparé une série de questions nées de leur curiosité devant la description, par Joseph Kessel, de la vie des maasaï et des rangersdans le parc national d’Ambolesi au Kenya dans les années 1950. Voici un florilège de questions et les réponses apportées par les maasaï.
Les élèves remercient tout particulièrement M. Pierre-Jacques Lué pour sa disponibilité et sa gentillesse.
Questions pour les maasaï :
Est-ce que vous tuez encore des lions ?
[Comme dans Le Lion de Kessel] tuer un lion (à plusieurs) avec une lance, et en se protégeant avec un bouclier, fait toujours partie des rites initiatiques des hommes maasaï pour entrer dans l’âge adulte. L’animal mort est laissé aux charognards et les maasaï qui l’ont tué peuvent prendre une touffe de la crinière qu’ils mettent dans leur coiffure. Dans d’autres pays, on mange parfois la viande du lion.
Pourquoi venez-vous travailler en ville ?
Pour gagner de l’argent afin d’acheter de nouvelles vaches et ne pas avoir à en vendre pour vivre. Nos vaches sont notre richesse.
Comment éduquez-vous les enfants ? Vont-ils à l’école ?
Les enfants vont à l’école aujourd’hui. Certains vont même étudier à l’université. Avant, les garçons étaient seulement initiés à la chasse, à l’élevage et les filles aux travaux de la maison.
Comment se déroulent les mariages ?
Aujourd’hui encore, ce sont les parents qui choisissent. [Contrairement aux jeunes filles du Lion de Kessel], les filles ne peuvent pas se marier avant l’âge de 18 ans. Les hommes doivent toujours avoir un an de plus. Les parents du garçon apportent une dot à ceux de la fille : une ou plusieurs vaches mais également du riz, du sucre, de l’huile et d’autres produits alimentaires.
Le mariage peut être rompu au bout d’un an si les deux époux ne se satisfont pas l’un l’autre (par exemple si la femme n’a pas encore donné d’enfant). A ce moment-là, la fille repart chez ses parents et l’homme reprend les vaches de la dot.
Comment se déroulent vos enterrements ?
Aujourd’hui, les morts sont enterrés mais, autrefois, [comme dans le Lion de Kessel], il arrivait que des anciens partent du village pour mourir mais c’était toujours un choix du vieillard, qui ne voulait pas gêner la communauté, et non celui des autres villageois.
Pouvez-vous quitter votre clan ?
Même si un maasaï quitte son village, et même pour l’étranger en abandonnant ses traditions, il appartiendra toujours au même clan.
Pourquoi construisez-vous vos maisons en bouse de vache et pas en d’autres matériaux ? Est-ce que cela n’a pas une mauvaise odeur ?
La bouse de vache ne sent pas mauvais. [Comme c’est expliqué dans le Lion de Kessel], cela est pratique car c’est facile à obtenir à partir de nos troupeaux et cela ne coûte pas cher. Aujourd’hui, nous construisons encore des maisons en bouse de vache mais également dans d’autres matériaux.
Pourquoi vos vêtements sont-ils de cette couleur ? Est-ce confortable ? Pourquoi portez-vous toujours ces vêtements traditionnels ?
Les vêtements peuvent être de plusieurs couleurs ; les femmes portent souvent du violet dans les villages. C’est très confortable et protecteur, à la fois contre la chaleur la journée et le froid le soir. Nous tenons à les porter pour marquer notre différence. Cela fait partie de notre culture. Nous en sommes fiers.
Pourquoi vous faites-vous percer les oreilles ?
C’est une tradition qui se réalise dès le plus jeune âge de même que nous retirons les deux dents incisives (dents de devant) de la rangée du bas.
Êtes-vous des moranes ? Êtes-vous les seuls à pouvoir porter les cheveux longs ?
Sont moranes les hommes de 15 à 18 ans aux cheveux longs qui doivent tuer un lion et ne peuvent pas encore se marier [comme dans le Lion de Kessel]. Nos longs cheveux sont faits de fausses mèches tressées.
Questions pour M. Pierre-Jacques Lué
Les lionnes mangent-elles leurs petits ?
Ce sont les lions qui mangent parfois les petits, mais seulement ceux qui ont été abandonnés et qu’une autre lionne n’a pas encore adoptés.
Comment les différentes espèces coexistent-elles ?
Depuis la nuit des temps, les animaux doivent se respecter car ils ne peuvent pas vivre les uns sans les autres. Tous vont s’abreuver aux mêmes points d’eau où jamais les carnivores n’attaquent les herbivores.
Quel entraînement faut-il pour approcher des animaux ? Comment faites-vous pour suivre leurs traces ? Quel animal est le plus difficile à approcher ?
Cela demande du temps pour apprendre à s’approcher des animaux. Il faut savoir ne pas faire de bruit, comprendre les traces laissées par les animaux (quelle espèce ? quand l’animal est-il passé ?) et les suivre.
Le zèbre est l’un des plus difficiles à approcher. C’est un animal très farouche. Le léopard est également très dur à approcher car il est très dangereux et a plus de chance de t’attaquer qu’un lion.
Les animaux sont-ils encore totalement sauvages ?
Oui, ils le sont même s’ils se sont habitués à l’homme.
Y a-t-il beaucoup d’animaux en voie de disparition en Tanzanie ?
Non, très peu si ce n’est le rhinocéros. L’éléphant reste quand même menacé par le braconnage, pour l’ivoire de ses défenses.
Pourquoi continue-t-on de chasser des animaux ?
La zone de vie des animaux sauvages a tellement été réduite par l’homme (l’urbanisation, l’extension des cultures) que les animaux peuvent rapidement se retrouver trop nombreux sur le même territoire. Ce fut notamment le cas au Kenya (pays du Lion de Kessel). Par la chasse, l’homme régule leur population (cela maintient un certain équilibre) et permet également de limiter ou de surveiller le braconnage qui est une chasse illégale.
Si elle est autorisée, la chasse est très contrôlée et on ne peut pas tuer toutes les espèces d’animaux, non plus les animaux trop jeunes.
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